Vous reprendrez bien
un peu de sauterelles?

Sauterelles sur feuille d’huître végétale, ver à soie à la tapenade d’anchois de Monaco, scarabées à l’huile de homard (l’huile de homard renforce le gout de fruits de mer de l’insecte ndlr) ou autres tapas au scorpion d’eau à l’ail noir fermenté de Corée et poivrons confits… toutes ces recettes sont à la carte de plusieurs restaurants dans le monde. Et pas nécessairement de l’autre côté de la planète… Les premières plateformes spécialisées dans les produits à base d’insectes ont aussi vu le jour sur internet.

D’aujourd’hui à 2050

D’ici à 2050, les experts de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estiment que la production alimentaire devra augmenter de 60% pour nourrir une population mondiale de plus de 9 milliards d’individus, et ce alors que les effets du changement climatique se font déjà sentir sur notre alimentation. A la fois victime et cause du changement climatique, le contenu de nos assiettes doit s’adapter, au risque de ne pouvoir “construire un monde sans faim ni malnutrition à l’horizon 2030”.

Si l’on en croit le magazine GEO la hausse des températures affecte déjà des cultures comme le blé ou le maïs. Les fabricants de pâtes alimentaires ont tiré la sonnette d’alarme concernant une potentielle pénurie de blé dur. En cause ? Une sécheresse sans précédent au Canada, premier pays producteur de blé dur, et des pluies trop abondantes en Europe lors de la floraison et de la moisson. 

Faire évoluer les habitudes alimentaires

Comment, dès lors, parvenir à nourrir tout le monde durablement dans ce contexte?“Continuer à cultiver les terres selon nos habitudes exercerait une forte pression sur nos ressources naturelles. Nous n’avons donc pas d’autre choix que d’entreprendre une révolution plus verte”, pointe la FAO. S’il faut faire évoluer les modes de production à l’échelle planétaire, les habitudes alimentaires doivent aussi changer, notamment dans les pays développés. L’activité humaine entraîne notamment une augmentation des concentrations de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. Selon Les activités agricoles et alimentaires françaises représentaient en 2015 36% des émissions de GES“loin devant les émissions liées au transport ou encore à l’habitat”.

Réduire la production de viande serait un premier levier pour réduire les émissions de GES : même si les données divergent, on peut estimer que l’élevage (surtout celui de ruminants) est responsable de 14% de la production globale de ces gaz.

Algues et insectes dans notre assiette

Si les légumineuses sont déjà cultivées et consommées en Europe, d’autres aliments dits “du futur” sont plus surprenants. C’est notamment le cas des insectes, bourrés de protéines, vitamines et autres minéraux, et qui nécessitent peu d’espace et d’eau pour leur élevage. 

La start-up FoodCheri, spécialisée dans la livraison de plats au bureau a notamment lancé, de manière éphémère, un burger aux insectes, avec une galette à base de farine de molitors (vers de farine).

Les algues sont une autre option : réputées pour leurs vertus antioxydantes et anti-inflammatoires, ces aliments riches en fer, oligoéléments, minéraux et protéines, sont un véritable atout pour l’environnement : alors qu’on estime que 15 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire un kilo de viande de bœuf, les algues n’ont besoin que d’eau de mer. Si l’on produit moins de viande, on a besoin de produire moins de céréales et de légumineuses pour les animaux, qui pourraient donc être réorientés vers l’alimentation humaine.

Autre mauvaise habitude à perdre: jeter de la nourriture. La FAO considérait déjà en 2013 que si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le troisième plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde !

Plusieurs pistes devraient apparaître ou se développer dans les années à venir. Une chose est sûre : le changement climatique impose déjà et imposera encore des changements dans nos assiettes. Vous reprendrez bien un peu de sauterelles ? Bon appetit.