L’UE gaspille plus de nourriture qu’elle n’en importe…

La Journée mondiale de l’alimentation a lieu le 16 octobre 2022 pour commémorer la création de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Le thème de cette année est « Une alimentation sûre aujourd’hui pour un avenir sain. » Une occasion de prendre conscience de l’urgence et de réfléchir à des solutions, même locales. Pour rappel en Belgique nous jetons 1Kg par jour par habitant.

La Journée mondiale de l’alimentation sensibilise à la nécessité de mettre en place des systèmes agroalimentaires plus efficaces, inclusifs, résilients et durables. Elle appelle à l’action dans tous les secteurs pour faire en sorte que nos systèmes agroalimentaires fournissent suffisamment d’aliments abordables, nutritifs et sûrs pour tous. Pour réaliser cette transformation, le monde doit changer les politiques, les mentalités, les comportements et les modèles commerciaux.

Partout dans le monde, de nombreux événements sont organisés pour recueillir des fonds pour soutenir des projets concrets et sensibiliser aux problèmes d’approvisionnement et de distribution alimentaire. Et en Europe ? Nous sommes très mauvais… Je vous laisse découvrir quelques chiffres et infos de la dépêche de l’agence Belga :

L’UE gaspille plus de nourriture qu’elle n’en importe, ce qui nuit à sa sécurité alimentaire dans un contexte d’augmentation du coût de la vie, déclare le Bureau européen de l’environnement (BBE). La Commission européenne devrait proposer d’ici la fin de l’année des objectifs contraignants afin de réduire ce gaspillage.

En 2021, l’UE a importé près de 138 millions de tonnes de produits agricoles pour un coût de 150 milliards d’euros. Dans le même temps, elle gaspille 153,5 millions de tonnes de nourriture chaque année, constate le BEE citant le rapport de l’organisation environnementale Feedback EU.

Ce chiffre a presque doublé par rapport aux estimations précédentes, conséquence aussi d’une meilleure disponibilité des données, précise toutefois le bureau. La plupart des déchets alimentaires provenant des exploitations agricoles ne sont cependant toujours pas comptabilisés dans les chiffres officiels de l’Union européenne.

Pas moins d’un cinquième de la production alimentaire de l’UE est actuellement gaspillée. Réduire ces pertes d’ici 2030 permettrait de sauver 4,7 millions d’hectares de terres agricoles, selon le BEE.

Ce gaspillage alimentaire coûte aux entreprises et aux ménages européens environ 143 milliards d’euros par an et est à l’origine de 6% des émissions totales de gaz à effet de serre de l’Union européenne, indique le rapport. 

Face à ce scandale, le BEE et 42 autres organisations issues de 20 pays de l’UE ont publié vendredi une déclaration commune appelant les autorités européennes à contraindre juridiquement les états membres de réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2030. Ils souhaitent également que les déchets alimentaires agricoles soient comptabilisés.

«Tous les pays de l’UE s’étaient engagés à réduire de moitié le gaspillage alimentaire dans le cadre des objectifs de développement durable des Nations Unies. Cependant, près de dix ans après, ils n’ont pas fait grand-chose, et nos économies génèrent toujours des quantités incroyablement élevées de déchets alimentaires», déplore Piotr Barczak, responsable des politiques au BEE qui demande à l’UE d’agir de toute urgence.

«Il ne suffit pas de fixer des objectifs ambitieux sans garantir leur réalisation par des propositions législatives concrètes. Celles-ci doivent être rédigées par la Commission dans les mois à venir», déclare Martin Häusling, parlementaire européen et porte-parole de la politique agricole pour le groupe des Verts/Alliance libre européenne (ALE). Celui-ci souhaite aborder de manière ambitieuse la révision de la date limite de consommation des produits alimentaires.

La Commission européenne devrait proposer des objectifs juridiquement contraignants en matière de déchets alimentaires cette année, avec une adoption formelle d’ici 2023. Des objectifs seront fixés à l’issue de négociations avec le Parlement européen et le Conseil européen. Si elle est adoptée, cette législation serait la première de ce type au niveau mondial, avance le Bureau européen de l’environnement.

«Il est essentiel que les objectifs incluent les déchets provenant des exploitations agricoles et des entreprises de transformation et de restauration. Limiter les objectifs uniquement aux déchets alimentaires de détail et de consommation signifierait que 48 à 76% du total des déchets alimentaires seraient exclus, selon notre rapport. Cela permettrait à la plupart des entreprises du secteur de fuir leurs responsabilités en matière de réduction des déchets», conclut Frank Mechielsen, directeur exécutif de Feedback EU, cette organisation européenne de lutte contre le gaspillage alimentaire. Crédit image : Life&Cook